Jean Moulin, parcours d’un préfet, héros de la Résistance

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  • Publié le 20/06/2023
  • Mis à jour le 14/03/2024
Jean Moulin, parcours d'un préfet, héros de la Résistance

Avant de devenir une figure majeure de la Résistance, Jean Moulin a été le plus jeune préfet de sa génération. À l’occasion des 80 ans de sa disparition, que nous commémorerons le 8 juillet prochain, retour sur le parcours exemplaire d’un héros de la République.

Une carrière préfectorale exemplaire

Né à Béziers dans l’Hérault le 20 juin 1899, Jean Moulin accomplit, avant de devenir le héros de la Résistance connu de tous, un parcours professionnel exemplaire au service de l’intérêt général, en tant que membre du corps préfectoral.

Cette carrière administrative au sein du ministère de l’Intérieur est une véritable vocation pour ce Républicain convaincu.

En 1917, alors âgé de 18 ans, il commence sa carrière en tant que sous-chef de cabinet du préfet de l’Hérault. À 26 ans, il devient le plus jeune sous-préfet de France à Albertville en Savoie.

Par la suite, il remplira alors diverses missions comme sous-préfet à Châteaulin dans le Finistère, Thonon-les-Bains en Haute-Savoie, et Montargis dans le Loiret, avant de devenir secrétaire général de la préfecture de la Somme.

Il devient finalement le plus jeune préfet de France de l’époque, en étant nommé préfet de l’Aveyron, à 38 ans.

Un an plus tard, il est nommé préfet d’Eure-et-Loir le 21 janvier 1939, son dernier poste en tant que membre du corps préfectoral.

 

Un préfet mis à l’épreuve dès le début de la guerre

Au service de l’administration préfectorale depuis 22 ans, Jean Moulin demande à être mobilisé, dès la déclaration de guerre en septembre 1939, pour rejoindre l’Armée de l’Air. 

En janvier 1940, Albert Sarraut, alors ministre de l’Intérieur, lui donne cependant l’ordre de regagner sa préfecture d’Eure-et-Loire car il le considère comme un préfet de valeur, indispensable à son poste en ces temps agités.

Le 17 juin 1940, les Allemands entrent dans Chartres et tentent de faire signer au préfet Jean Moulin, par la force et au nom de l’Etat français, un document accusant à tort les troupes sénégalaises de l’armée française du massacre de civils, femmes et enfants, sur le chemin de leur retraite.

Indigné, Jean Moulin refuse de signer ce document. Il est alors battu, menacé et incarcéré par l’occupant. Afin de ne pas céder à la force, il saisit un tesson de verre et se tranche la gorge : « Je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination […]. Tout plutôt que cela, tout, même la mort ».

Découvert ensanglanté au matin, il est sauvé par des religieuses. 

Après la signature de l’Armistice du 22 juin 1940, il conserve son poste de préfet d’Eure-et-Loir quelques mois, mais sera finalement congédié par le gouvernement de Vichy en novembre 1940.

 

Jean Moulin : héros de la résistance

Dès sa révocation par le maréchal Pétain, le 2 novembre 1940, Jean Moulin prépare son entrée dans la Résistance. 

En octobre 1941, ce dernier est présenté au général de Gaulle. Séduit par sa personnalité, le général le nomme délégué au comité national français pour la zone libre.

En l’espace d’un an et demi, celui qui utilisera comme nom de code “Régis”, puis “Rex”, et enfin “Max”, fondera le Conseil National de la Résistance, à la demande du général de Gaulle. Il réussit alors à fédérer l’ensemble des composantes de la France résistante, ce qui constitue une avancée majeure pour l’organisation de la Résistance Intérieure. 

Mais la Gestapo, qui connaît l’existence de Max, le recherche activement. 

Une réunion des chefs de la Résistance est organisée par Jean Moulin le 21 juin 1943 à Caluire-et-Cuire, près de Lyon. 

Peu après leur arrivée, la Gestapo fait irruption sur les lieux et arrête tous les participants. Ils sont torturés à plusieurs reprises par Klaus Barbie, qui parvient à identifier Max et lui fait subir les pires sévices. 

Jean Moulin ne dévoile rien du Conseil National de la Résistance malgré la torture. Il décède suite à ses blessures, probablement le 8 juillet 1943 en gare de Metz, lors de son transfert en Allemagne.

 

Un préfet pour la postérité

Dès le lendemain de la Libération, de nombreux hommages sont rendus à Jean Moulin, figure emblématique de la Résistance. Leur point d’orgue est le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964, accompagné du discours d’André Malraux resté célèbre :

« Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France…
»

A. Malraux

Après la guerre, il est nommé à titre posthume général de division et est réintégré dans le corps préfectoral en tant que préfet de première classe.

Aujourd’hui encore, plus de 390 établissements scolaires portent son nom, quatre musées lui consacrent des espaces spécifiques partout en France et des dizaines de monuments commémoratifs lui sont dédiés.

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